L’Apple II jouit d’une
réputation exceptionnelle chez ceux qui ont vécu les débuts de la
micro-informatique. De grands classiques comme VisiCalc, l’ancêtre de
tous les tableurs, développés sur cette machine constituent les
fondements de toute cette industrie. Avec ses 4096 octets de mémoire,
son système d’exploitation BASIC, son lecteur de disquette externe
(nous sommes en 1978 !), le bébé de Steve Jobs et Steve Wozniak était
le premier micro-ordinateur personnel digne de ce nom. Sitôt déballé
de son carton, l’Apple était prêt à fonctionner. Son prix de 1.300 $
(sans moniteur et sans lecteur) le rendait inaccessible aux jeunes
utilisateurs. Cependant, cet ordinateur a lourdement influencé
l’industrie du jeu. |
|
Visicalc |
|
|
|
Apple
//e |
|
|
Dès le
début, l’Apple II avait été pensé pour les joueurs et deux paddles de jeu
étaient fournis. Il ne faut pas oublier que Jobs et Wozniak ont commencé
leur carrière chez Atari. Wozniak a raconté qu’il avait ajouté de
nombreuses fonctionnalités à l’Apple II comme le son, les paddles ou la
couleur simplement parce qu’il avait programmé Breakout pour Atari et
qu’il voulait que cela soit possible sur son ordinateur. La passion des
jeux de Wozniak et de ses premiers clients fut une source d’innovation
pour toute l’industrie informatique. L’Apple II est un véritable symbole
pour la première génération de consommateurs de logiciels.
De
nombreux créateurs ont commencé leur carrière avec l’Apple II. Les
premiers jeux Apple furent Wheeler’s Dealers (1978) de Dan Bunten et
Dungeon Campaign, un jeu de rôle créé par Robert Clardy. Pour distribuer
des jeux de rôle et de stratégie, Joel Billings fonda SSI (Strategy
Simulations Incorporated) en 1979. En 1980, avec Mystery House, les époux
Williams, Roberta et Ken, inventèrent le jeu d’aventure graphique : elle
lui racontait l’histoire, il la codait. Ce qui au début était un hobby
donna naissance à l’un des plus gros éditeurs de jeux : Sierra
On-Line. |
L’impact
des jeux de rôle sur Apple fut notable. Richard Garriott en est le
meilleur exemple. Il est l’auteur de Akalabeth et de la série des
Ultima.
On peut également citer le célèbre Wizardry de Robert Woodhead et Andrew
Greenberg.
Même
après la sortie de compétiteurs plus puissants au niveau du son et des
graphismes comme l’Atari 800, Apple resta le format leader. Jusqu’en 1982,
la moitié de tous les jeux étaient soit disponibles sur Apple soit des
exclusivités Apple. Ce n’est qu’en 1984 que l’Apple II céda du terrain
face à ses concurrents qu’étaient le C64 ou l’Atari
800, et même les PC
compatibles IBM qui pointaient leur nez. A cette époque, un quart
seulement des nouveaux jeux sortaient sur Apple II. Apple lui-même finit
par abandonner son vétéran 8-bits pour se concentrer sur le Macintosh, son
successeur 16-bits.
|
|
Akalabeth |
|
|
|
Wizardry |
|
|
Malgré
son excellente réputation de par le monde, le phénomène Apple était
principalement américain. Au Japon, Apple n’occupait que des niches et en
Europe le prix trop élevé de l’Apple II le pénalisa face à la concurrence
du C64. Des systèmes moins chers comme le Sinclair Spectrum et l’Amstrad
CPC dominèrent le marché de masse tandis que Acorn en Angleterre et
Thomson en France trustaient le secteur éducatif. Les joueurs sur ces
plateformes découvrirent des années plus tard les conversions sur leurs
systèmes des grands classiques Apple. |
|