Si l’on s’en
tient à son gameplay, Donkey Kong est certainement l’un des plus
grands classiques, mais si l’on se penche sur le mystère, l’histoire
et les batailles juridiques qui l’ont entouré, on s’aperçoit que Donkey Kong est l’un des jeux les plus intriguant jamais fait.
1980, Minoru Arakawa, président de Nintendo of America s’arrache les
cheveux : son entrepôt de Seattle est rempli de machines d’arcade du
jeu Radarscope invendus. Il prend son téléphone pour demander à
Hiroshi Yamauchi, PDG de Nintendo au Japon, qu’il fasse un
miracle pour sauver son stock et par la même occasion sa filiale
américaine.
Yamauchi se tourne alors vers Shigeru Miyamoto récemment embauché. Ce
jeune homme, amateur de banjo et de musique bluegrass, les cheveux à
la Beatles, est loin des standards japonais. Embauché en tant
qu’artiste, Miyamoto diplômé en design industriel, rêvait de concevoir
des jouets. Quand on lui a proposé de faire le design de jeux vidéo,
il a été emballé.
Miyamoto travailla avec Gunpei Yokoi, l’ingénieur qui plus tard créera
la GameBoy, pour faire un jeu pour sauver Nintendo of America. Ce jeu
c'est Donkey Kong. Bricoleur invétéré, Yokoi est l’ingénieur qui a
boosté la transition de la manufacture de carte qu’était Nintendo en
société de jeux vidéo et est à l’origine du premier jeu Nintendo, le
super flop Radarscope.
A ses débuts, Miyamoto ne connaissait rien aux limitations techniques
et c’est Yokoi qui était chargé de les lui rappeler. L’équipe à
l’origine de Donkey Kong était donc constituée de Miyamoto, Yokoi,
deux programmeurs et un musicien. Le jeu fut conçu comme un kit de
conversion devant s’adapter sur les 2000 machines Radarscope invendues
en stock aux Etats-Unis.
Miyamoto voulait que son jeu soit le premier jeu vidéo qui ait une
histoire. L’idée était qu’un singe s’échappait et enlevait la petite
amie de son propriétaire, Pauline, et la retenait prisonnière en haut
d’un site en construction. Le joueur devait alors affronter des
tonneaux, des boules de feux et des tartes de ciment pour la secourir.
Au moment où le jeu arriva aux USA, Ron Judy et Al Stone, directeurs
des ventes de Nintendo of America, menaçaient de démissionner. La
société était au bord de la banqueroute. Arakawa leur promit que le
jeu suivant serait différent.
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Mais quand
ils ont eu connaissance du titre, Stubborn Gorilla (Gorille Têtu),
Judy et Stone ont failli s’enfuir à toutes jambes. Mais après avoir vu
leurs employés accros à ce jeu, ils ont finalement décidé de rester.
Ils ont fini par en vendre plus de 80.000 rien qu’aux Etats-Unis… et
devenir multimillionnaires.Mais l’histoire ne s’arrête pas là. MCA
Universal, filiale des strudios Universal qui avaient sorti le film
King Kong en 1976 a porté plainte contre Nintendo pour violation de
copyright. Universal attaqua en même temps une douzaine d’autres
sociétés qui avaient signé des contrats de licence avec Nintendo, dont
Coleco qui prévoyait de lancer sa console avec le jeu Donkey Kong.
Nullement impressionnée, Nintendo of America refusa toute transaction
et le procès eut lieu. MCA Universal revendiqua la propriété du mot
Kong et réclama 5 millions de dollars à Nintendo. Miyamoto répondit
aux juges qu’il n’avait pas voulu voler l’image de King Kong et qu’il
avait simplement regardé dans un dictionnaire anglais japonais la
traduction du mot Gorille et qu’il était tombé sur le mot kong.
Finalement il fut prouvé que Universal ne possédait pas de droit sur
King Kong. En effet l’avocat de Nintendo découvrit qu’en 1975
Universal avait attaqué RKO Pictures producteur du King Kong original
de 1933 arguant que le film ayant plus de 50 ans, le nom King Kong
était tombé dans le domaine public. Universal paya 1,8 millions de
dollars de dédommagement à Nintendo.
Le procès terminé, Donkey Kong était en passe de devenir la seconde
licence la plus populaire de l’âge d’or des bornes d’arcade, seulement
surpassée par PacMan et fit connaître au monde entier Mario, ce petit
charpentier converti par la suite en plombier.
Plus important encore, Donkey Kong lança la carrière d’un des
designers les plus prolifiques de l’industrie du jeu vidéo, Shigeru
Miyamoto, qui signera plus tard des titres de légende comme Super
Mario et Zelda. Il cella le destin de l’empire Nintendo. |
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